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Quand l’histoire devient destination

Par Marc Blanc
Publié le 7 juin 2025 à 13h41 – Temps de lecture : 4 minutes

À l’occasion d’un déplacement au musée du Débarquement d’Arromanches-les-Bains, dans le Calvados, Nathalie Delattre, ministre déléguée chargée du Tourisme, et Patricia Miralles, ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, ont signé une nouvelle convention visant à renforcer le tourisme mémoriel en France. Ce partenariat stratégique, renouvelé dans un lieu chargé d’histoire, incarne la volonté commune des deux ministères d’enrichir l’offre sur les sites de mémoire, d’améliorer l’accueil des visiteurs et de mieux promouvoir ces lieux emblématiques auprès des publics français et étrangers.

La France dispose d’un patrimoine mémoriel exceptionnel. Théâtre de trois conflits majeurs entre 1870 et 1945, le territoire conserve des milliers de lieux qui témoignent des grands drames du XXe siècle et de l’histoire militaire du pays. Musées, champs de bataille, cimetières militaires, monuments commémoratifs et hauts lieux de la mémoire nationale forment un réseau dense et essentiel au devoir de mémoire. La gestion et l’entretien d’une large partie de ces sites relèvent du ministère des Armées, qui veille à la préservation de ce patrimoine et à la transmission de son histoire. Les sites mémoriels français rassemblent 18 musées de défense, 290 nécropoles nationales, plus de 2 000 carrés militaires dans les cimetières communaux et près d’un millier de sépultures françaises disséminées dans plus de 80 pays, sans oublier dix hauts lieux de la mémoire nationale.

Au-delà de leur valeur historique et symbolique, ces lieux sont devenus des destinations touristiques majeures. En 2023, ils ont accueilli 13 millions de visiteurs, dont environ un quart venus de l’étranger. La Normandie, notamment, s’impose comme la première région française en matière de tourisme mémoriel. L’année dernière, elle a attiré plus de 7 millions de visiteurs sur ses sites liés au Débarquement et à la Bataille de Normandie, avec 41 % de fréquentation internationale. Portée par les commémorations du 80e anniversaire du Débarquement en 2024, la fréquentation a progressé de 8,8 % par rapport à l’année précédente, confirmant l’intérêt croissant du public pour cette mémoire vivante.

Depuis 2004, puis à travers un renouvellement en 2011 dans le cadre du Centenaire de la Grande Guerre, le ministère du Tourisme et le ministère de la Mémoire et des Anciens Combattants collaborent étroitement pour valoriser et faire connaître ces lieux. La convention signée à Arromanches-les-Bains marque une nouvelle étape dans ce partenariat. Elle vise notamment à améliorer l’offre touristique et l’accueil des visiteurs sur les sites de mémoire, en développant le travail en réseau des acteurs et en renforçant la formation professionnelle. Elle prévoit également de sensibiliser de nouveaux publics à l’importance de ces lieux, en particulier les jeunes générations et les publics éloignés de ces thématiques.

La promotion des sites mémoriels, en France comme à l’international, figure également parmi les priorités de cette convention. Elle prévoit de mesurer les retombées économiques du tourisme de mémoire en co-pilotant une étude dédiée et de soutenir des initiatives innovantes, notamment à travers le programme France Tourisme Tech et un appel à projets consacré aux services numériques destinés au tourisme mémoriel. La mise en œuvre de ce partenariat sera assurée par la Direction générale des entreprises et la Direction de la mémoire, de la culture et des archives, qui coordonneront les actions et le suivi des projets engagés.

Pour Nathalie Delattre, le tourisme mémoriel constitue un levier fort pour transmettre l’histoire nationale, faire vivre les territoires et renforcer le lien entre mémoire et citoyenneté. Elle a souligné, à cette occasion, la nécessité de rendre ces lieux plus accessibles et plus visibles, en France comme à l’étranger. Patricia Miralles a, de son côté, rappelé que cette convention illustre un engagement clair : faire du tourisme de mémoire un pilier de la transmission, un outil d’attractivité pour les territoires et un puissant vecteur de lien entre les générations. Toutes deux ont affirmé leur attachement à cette mémoire partagée, qui continue d’unir les Français et de rappeler les sacrifices consentis pour la liberté et la paix.