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Réforme des classifications : 11 branches retenues

Par Gilbert Caron
Publié le 11 juillet 2025 à 11h04 – Temps de lecture : 4 minutes

La modernisation du dialogue social franchit une étape clé avec la sélection de onze branches professionnelles dans le cadre de l’appel à projets lancé par la Direction générale du travail (DGT) et l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact). Objectif : soutenir financièrement la révision de systèmes de classification jugés parfois obsolètes, peu lisibles ou inadaptés à l’évolution des métiers, des compétences et des parcours professionnels.

Cette démarche s’inscrit dans la continuité des engagements pris lors de la conférence sociale d’octobre 2023. Le Gouvernement y avait affirmé sa volonté d’appuyer les branches professionnelles dans la refonte de leurs conventions collectives, en particulier sur le pilier structurant que constitue la classification. C’est dans cet esprit qu’un appel à projets pluriannuel a été mis en place, avec deux vagues de sélection prévues en 2024 et 2025 et une enveloppe globale d’un million d’euros.

Les classifications professionnelles sont en effet au cœur du fonctionnement du dialogue social : elles encadrent la reconnaissance des compétences, déterminent les minima salariaux, structurent l’évolution de carrière et contribuent à sécuriser la relation de travail en offrant un cadre juridique partagé entre employeurs et salariés. Mais dans de nombreuses branches, ces grilles n’ont pas été mises à jour depuis parfois plus de vingt ans. Ce manque d’actualisation peut entraîner des blocages dans les négociations collectives, une perte d’attractivité pour les jeunes générations, et une inadaptation aux nouveaux métiers issus des transformations technologiques, environnementales ou organisationnelles.

Le comité de sélection, réuni le 27 juin dernier, a retenu l’ensemble des candidatures déposées. Les branches sélectionnées bénéficieront d’un accompagnement financier dès cet été pour initier ou poursuivre leurs démarches de révision, souvent complexes car engageant à la fois les partenaires sociaux, des experts juridiques, des spécialistes des emplois et des représentants des entreprises. Cette dynamique vise à encourager une approche structurée, équitable et lisible du classement des emplois, dans un esprit de concertation et d’efficacité.

Parmi les branches retenues figurent des secteurs très variés, représentant à la fois l’économie de proximité, les services, l’industrie ou encore l’agriculture. On retrouve notamment le secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile, celui des prestataires de services du secteur tertiaire, les entreprises de services d’eaux et d’assainissement, les pâtisseries-confiseries, ou encore les industries du pétrole. D’autres branches comme celle du golf, de la publicité ou des collaborateurs salariés des économistes de la construction ont également été sélectionnées. Certaines étaient déjà suivies de près par les services du ministère du Travail, en raison d’un retard historique ou de blocages dans les négociations salariales.

Concrètement, les aides versées permettront de financer des prestations d’ingénierie sociale, d’analyse de référentiels métiers, de rédaction de nouvelles grilles de classification ou encore d’outils de simulation et de communication à destination des entreprises. L’enjeu est aussi de renforcer la lisibilité des classifications pour les salariés, de mieux valoriser les parcours professionnels et d’intégrer plus systématiquement les acquis de la formation tout au long de la vie.

En encourageant la modernisation des conventions collectives à travers cet outil, le Gouvernement entend consolider un dialogue social de qualité, au service d’une économie compétitive et inclusive. Il s’agit aussi de renforcer l’attractivité des métiers, notamment dans les secteurs en tension ou confrontés à une pénurie de main-d’œuvre, en garantissant des perspectives d’évolution plus claires et une meilleure reconnaissance des compétences.

Pour la DGT comme pour l’Anact, cette nouvelle vague de projets retenus illustre une mobilisation croissante des branches sur ces sujets, signe d’une prise de conscience partagée autour de l’urgence à moderniser les fondements de la négociation collective. D’autres branches pourraient encore rejoindre ce mouvement lors de la seconde vague de sélection prévue d’ici la fin de l’année.