La crise énergétique actuelle pousse le gouvernement à redéfinir ses priorités sur le nucléaire. L’heure est à l’accélération. En 2035 – dans un peu plus de vingt ans à peine – des réacteurs de nouvelle génération dits EPR 2 sortiront de terre – qui s’ajouteront au déploiement du solaire et des éoliennes en mer. Motifs avancés : l’urgence climatique et la nécessité de produire 60 % d’électricité en plus en 2050.
Six de ces réacteurs devraient être construits. Mais pas seulement. Pour éviter ce que d’aucuns appellent l’échec de Flamanville dans la Manche (un chantier qui accuse un retard de onze années !), il s’agit également de simplifier les procédures administratives, à commencer par octroyer aux réacteurs nucléaires « une raison impérative d’intérêt public majeur, leur permettant de bénéficier d’une des conditions d’octroi des dérogations relatives aux espèces protégées » et ainsi ne pas être ralenti par certaines dispositions du Code de l’environnement. Le contournement de la Loi littoral qui va également lui permettre, grâce à des dérogations, de construire dans certains lieux qui lui étaient auparavant interdits. Autre allégement prévu qui fera gagner du temps, le début des chantiers des bâtiments qui n’abriteront pas de matière radioactive ne sera plus subordonné à la clôture de l’enquête publique sur une installation nucléaire. Le contrôle de conformité sera traité par les services de l’État et la main donnée – en premier et dernier recours – au Conseil d’État pour examiner les contentieux avec les opposants (sur la protection animale par exemple) pour éviter en partie la justice administrative, autrement formulé par le texte pour « une sécurisation juridique rapide ».
Tous ces allégements et raccourcis permettent de confirmer trois grands projets à Penly (Seine-Maritime), Gravelines (Nord) et un autre à Bugey (Ain) ou Tricastin (Drôme-Vaucluse), mis en service en 2035 voire 2037. Budget estimé : 51 milliards d’euros. Pour le symbole, une première devrait être posée avant la fin du quinquennat du président Macron, en 2027. D’ici là, un autre réacteur EPR devrait entrer en service, le fameux retardataire de Flamanville.