Saint-Denis : l’Orfèvrerie labellisée

Dans les murs chargés d’histoire des anciennes usines Christofle à Saint-Denis, l’effervescence artisanale ne faiblit pas. C’est ici, dans ce lieu emblématique de l’artisanat d’art, que le Collectif de l’Orfèvrerie poursuit une aventure singulière : faire vivre, évoluer et rayonner un ensemble de savoir-faire d’excellence. Un engagement aujourd’hui reconnu et salué par le label « Entreprise du Patrimoine vivant » (EPV), distinction décernée par l’État aux entreprises qui incarnent le meilleur de la tradition artisanale et industrielle française.
À l’occasion du 20e anniversaire du label EPV, une visite officielle a été organisée dans les locaux de l’Orfèvrerie. Hélène Croze, adjointe à la préfète de la région Île-de-France, et Magali Daverton, sous-préfète du Raincy, ont rencontré les équipes de l’entreprise labellisée, mettant en lumière la richesse et la vitalité de ces métiers d’art. Créé en 2005, ce label distingue des structures porteuses d’un savoir-faire rare, qui conjuguent innovation, excellence technique et transmission. En Île-de-France, 278 entreprises sont aujourd’hui labellisées EPV, soit près d’un quart de l’ensemble national, preuve du dynamisme régional en matière d’artisanat et de création.
Le Collectif de l’Orfèvrerie incarne parfaitement cette ambition. Dirigé par Romain Gazzola, héritier d’une lignée de bâtisseurs, ce regroupement d’artisans s’est progressivement constitué autour de valeurs communes : exigence, coopération et ancrage territorial. Aujourd’hui, ce sont onze entreprises qui forment le collectif, réunissant des métiers aussi variés que la menuiserie, l’ébénisterie, la ferronnerie, la taille de pierre, la verrerie ou encore la bronzerie. Ensemble, ces ateliers redonnent vie à des chantiers prestigieux, en conjuguant techniques ancestrales et savoir-faire innovants.
Avec plus de 60 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, 300 artisans à l’œuvre et plus de 1 000 ans d’expérience cumulée, le collectif ne se contente pas de préserver une tradition : il l’inscrit dans l’avenir. À travers la mutualisation de ressources, la formation interne et l’ouverture vers de nouveaux marchés, il bâtit un modèle durable, au service de l’excellence.
Ce rayonnement est rendu possible grâce au soutien de l’État. Le label EPV ne se limite pas à une distinction honorifique : il ouvre aussi la voie à des mesures concrètes. Les entreprises labellisées peuvent bénéficier d’un crédit d’impôt métier d’art (Cima), équivalant à 15 % des charges salariales liées à la création ou à la restauration d’œuvres uniques ou en petite série. Elles sont également accompagnées dans leur développement économique, notamment à l’international, grâce aux programmes pilotés par Business France et à la dynamique collective portée par l’Association nationale des EPV.
À l’heure où les métiers d’art suscitent un regain d’intérêt, tant pour leur dimension patrimoniale que pour leur potentiel économique, le Collectif de l’Orfèvrerie s’affirme comme un exemple inspirant. Dans les ateliers de Saint-Denis, le geste précis des artisans, la transmission intergénérationnelle des techniques et la beauté des matières racontent une autre manière de produire, plus humaine, plus enracinée, plus respectueuse. Un patrimoine vivant, en somme, qui n’a rien de figé : bien au contraire, il continue d’évoluer, de se réinventer, et de faire briller, en France comme à l’étranger, l’excellence du savoir-faire français.