Les plus hautes autorités en matière de sécurité et de prévention se sont réunies pour la première séance plénière du Conseil parisien de prévention et de sécurité (CPPS), instance stratégique chargée de piloter la mise en œuvre du Contrat parisien de prévention et de sécurité. Autour de la table : Laurent Nuñez, préfet de police ; Nicolas Nordman, adjoint à la Maire de Paris chargé de la prévention, de la sécurité, de la police municipale et de l’aide aux victimes ; Julie Benetti, rectrice de la région académique Île-de-France, et Laure Beccuau, procureure de la République de Paris. Ensemble, ils ont tiré le bilan des actions menées en 2024 et tracé les perspectives d’action pour 2025 et 2026.
Cette rencontre a d’abord permis de souligner la nécessité d’une coopération constante entre les services de l’État, la Ville de Paris, le Rectorat, le Parquet et les partenaires associatifs pour faire face aux enjeux croissants de sécurité urbaine. Fruit d’une concertation interinstitutionnelle, le CPPS repose sur une architecture territoriale fine, alimentée par les contrats de prévention et de sécurité à l’échelle des arrondissements. Ces documents servent de levier local pour coordonner les moyens, fixer les priorités et adapter les réponses aux réalités du terrain.
Le contrat d’objectifs 2023-2026, structuré autour de trois axes majeurs – la jeunesse, la protection des publics vulnérables et la tranquillité publique –, s’appuie sur 31 fiches action détaillant les méthodes, moyens et résultats attendus. L’ambition est claire : prévenir la délinquance en agissant en amont, cibler les publics à risque et renforcer la présence partenariale sur l’espace public.
Parmi les actions phares évoquées lors de la séance, la lutte contre les rixes impliquant des mineurs et la sécurité des personnes âgées ont retenu une attention particulière.
Rixes entre jeunes : une mobilisation sans relâche
Face à un phénomène préoccupant et parfois dramatique, les acteurs du CPPS ont engagé une mobilisation d’ampleur. En 2024, grâce à la vigilance conjointe des forces de l’ordre, des services éducatifs et des réseaux associatifs, 16 affrontements ont pu être évités. La réactivité de la boucle d’alerte interpartenaires, activée à 25 reprises, a été un outil déterminant dans l’anticipation des violences. Néanmoins, deux décès ont endeuillé l’année.
La typologie des mis en cause révèle un profil très jeune : 85 % sont mineurs, avec un âge moyen de 16 ans. Pour renforcer la coordination locale, deux réunions du Groupe local de traitement de la délinquance (GLTD) ont été organisées au cours de l’année.
En parallèle, une action préventive soutenue a été déployée sur le territoire. Pas moins de 80 projets, portés par 74 associations, ont bénéficié de subventions dans le cadre d’appels à projets lancés par la Ville de Paris (62 projets pour un montant de 187 800 €) et par l’État via le Fonds interministériel de prévention de la délinquance (18 projets, totalisant 142 740 €).
Un tournant décisif a été pris le 4 mars 2025, avec le lancement d’un plan de prévention et de lutte contre le port et l’usage d’armes blanches par les mineurs. Ce dispositif innovant associe la Préfecture de police, le rectorat, le parquet, la Ville de Paris et la Protection judiciaire de la jeunesse. Il prévoit des interventions ciblées dans les établissements scolaires, menées par des policiers municipaux, des agents de médiation et des membres de la mission de prévention, de contact et d’écoute (MPCE), spécialement formés. Une campagne d’information à destination des jeunes et des parents complète ce dispositif.
Pour soutenir cette action sur le terrain, la Ville de Paris a décidé de doubler les effectifs de son équipe parisienne de médiation, qui passe ainsi de 50 à 100 agents. À l’horizon fin 2025, 185 médiateurs seront mobilisés dans les quartiers pour désamorcer les tensions entre jeunes.
Sur le plan national, un soutien de poids est venu des ministres de l’Éducation nationale et de l’Intérieur, qui ont décidé la mise en place de contrôles aléatoires aux abords des établissements scolaires, menés par les forces de l’ordre sous le contrôle des parquets, en lien étroit avec les équipes éducatives.
Protéger les seniors : une priorité confirmée
Autre enjeu crucial mis en lumière lors de cette séance : la sécurité des personnes âgées. À Paris, les plus de 60 ans représentent 8,27 % des victimes de vols recensés. En 2024, 10 634 plaintes ont été déposées par des personnes de cette tranche d’âge, mais une tendance encourageante se dessine : ces infractions sont en baisse de 4,76 % par rapport à 2023.
Le nombre de signalements émis par des tiers, en dehors du cercle familial proche, a bondi de 30 % (1 735 en 2024 contre 1 328 en 2023), signe d’une meilleure prise de conscience collective. Ces chiffres traduisent l’effet positif des formations sur la détection des situations à risque et le recours au juge des contentieux de la protection.
Dans le cadre du dispositif « Tranquillité seniors » de la Ville de Paris, 1 757 personnes âgées ont bénéficié en 2024 d’un accompagnement par les agents des missions d’appui et de protection (Map), relevant de la Direction de la Police municipale et de la Prévention (DPMP).
En commissariat, l’action des 14 intervenants sociaux (ISC), financés conjointement par la Ville de Paris et la Préfecture de police, a permis d’orienter 856 seniors de plus de 75 ans victimes d’infractions vers des structures de soutien adaptées.
Le 4 février 2025, à l’occasion de la semaine « Paris protège », une conférence dédiée à la lutte contre les abus envers les personnes âgées a réuni une centaine de professionnels, confirmant la volonté collective de bâtir une ville protectrice et bienveillante à l’égard de ses aînés.
Une volonté partagée de renforcer la sécurité urbaine
À travers cette séance plénière, l’ensemble des partenaires du CPPS ont réaffirmé leur engagement à poursuivre la mise en œuvre du contrat d’objectifs, dans une logique de co-construction et d’évaluation continue. Le bilan de 2024 montre que des résultats concrets sont possibles lorsque les efforts sont mutualisés et que les réponses sont pensées à la fois dans la prévention, l’intervention et le suivi.
L’année 2025 sera marquée par le déploiement renforcé des dispositifs déjà en place et par une attention constante portée à l’évolution des besoins de la population parisienne, dans un contexte social et urbain en mutation rapide. Sécuriser Paris, protéger ses habitants, et prévenir la délinquance : une mission collective, portée au quotidien par l’ensemble des institutions réunies autour du CPPS.
Sécurité : bilan et priorités

Par Renaud Morelli
Publié le 16 juin 2025 à 10h38 – Temps de lecture : 6 minutes