La Ville de Paris a officialisé son entrée dans l’alliance Swimmable Cities, rejoignant ainsi un mouvement international qui ambitionne de réinventer le rapport entre les citadins et leurs cours d’eau. Cette annonce intervient au lendemain d’un été hors du commun, marqué par une fréquentation massive des trois sites de baignade ouverts dans la capitale – à Bercy, au Bras Marie et à Grenelle – où plus de 100 000 personnes se sont jetées à l’eau. Ce chiffre, inédit, témoigne d’un changement profond dans la perception de la Seine, longtemps considérée comme inaccessible, voire interdite, et désormais reconquise par les habitants comme espace de détente, de sport et de lien social.
Le succès parisien ne surgit pas de nulle part. Il est le fruit d’un travail titanesque mené depuis des années par l’État, la Ville et leurs partenaires techniques. Amélioration des systèmes d’assainissement, investissements massifs dans les infrastructures de traitement des eaux usées, restauration des berges et innovations en matière de dépollution : tous ces efforts ont permis de transformer un fleuve jadis emblématique de la pollution urbaine en un symbole de renaissance écologique. L’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 a joué un rôle d’accélérateur décisif, en fixant une échéance claire et en mobilisant des moyens exceptionnels pour atteindre un objectif longtemps jugé utopique : rendre la Seine baignable.
Avec son adhésion à Swimmable Cities, Paris élargit désormais ses ambitions au-delà de ses frontières. Créée à la veille des Jeux de 2024, cette coalition regroupe aujourd’hui 183 organisations issues de 96 villes et villages répartis dans 34 pays. Elle vise à accompagner au moins 300 collectivités d’ici 2030 dans leurs projets de restauration de rivières et de fleuves urbains. L’idée est simple mais puissante : redonner à l’eau sa place centrale dans la ville, non pas comme une frontière ou un décor, mais comme un bien commun, accessible et vivant.
Pour Anne Hidalgo, maire de Paris, ce choix illustre une nouvelle étape : « La baignade dans la Seine a connu un succès exceptionnel. Cent mille personnes ont pu s’approprier le fleuve, preuve que nos efforts n’ont pas été vains. Grâce à l’héritage des Jeux, Paris s’inscrit désormais dans un réseau mondial qui défend le droit à des rivières propres et vivantes. Nous voulons inspirer d’autres villes, car la baignade urbaine ne se limite pas à un plaisir estival : elle contribue à la qualité de vie, à la résilience face aux vagues de chaleur et à la sauvegarde de la biodiversité. »
Du côté de l’alliance, la décision parisienne est accueillie avec enthousiasme. Matthew Sykes, son cofondateur, rappelle que « l’adhésion de Paris confirme une nouvelle fois son rôle moteur dans la conception de villes plus saines et plus résilientes. La baignade de la maire dans la Seine a marqué les esprits, mais elle symbolise surtout une transformation profonde qui inspire déjà d’autres cités à travers le monde ».
Cette dynamique collective prend une dimension scientifique et politique à l’échelle internationale. En juin 2025, lors du premier sommet de Swimmable Cities à Rotterdam, l’alliance a annoncé le lancement d’un vaste programme de recherche destiné à établir une base de référence mondiale sur la baignabilité des cours d’eau urbains. Cet outil permettra aux villes d’évaluer leurs progrès, d’échanger sur leurs réussites et d’accélérer la reconquête de fleuves longtemps pollués ou abandonnés. Derrière l’ambition environnementale se dessine une vision plus large, celle d’une ville qui s’adapte au changement climatique, qui garantit l’accès équitable aux ressources naturelles et qui recrée du lien entre ses habitants et leur environnement.
L’adhésion de Paris confirme ainsi une volonté de peser sur les débats mondiaux autour de la transition écologique et de montrer que les métropoles, souvent perçues comme sources de pollution, peuvent aussi être des laboratoires de solutions. La Seine, autrefois barrière physique et sanitaire, devient un espace de convivialité, de sport, de bien-être et de biodiversité.
Seine : Paris rejoint Swimmable Cities

Par Renaud Morelli
Publié le 7 octobre 2025 à 10h19 – Temps de lecture : 4 minutes