L’eau du robinet n’a jamais été aussi bien acceptée, ni aussi précieuse aux yeux des Parisiens. En 2025, la capitale semble avoir franchi un cap dans sa relation à cette ressource du quotidien, avec des chiffres qui témoignent d’un véritable basculement culturel. Boire l’eau du robinet à Paris n’est plus seulement un geste banal, c’est un choix confiant, éclairé, parfois engagé — et désormais très largement partagé.
Selon le dernier baromètre de satisfaction réalisé du 14 au 23 mai 2025 auprès d’un millier de personnes représentatives de la population parisienne, huit habitants sur dix boivent l’eau du robinet chez eux. Un chiffre qui traduit une confiance solide, et qui s’accompagne d’un haut niveau de satisfaction : 87 % des personnes interrogées jugent cette eau satisfaisante, en nette hausse par rapport à l’année précédente. Goût, qualité, sécurité sanitaire : les raisons de ce plébiscite tiennent autant à l’expérience quotidienne qu’à la lisibilité du service public.
Dans les rues de Paris, l’eau du robinet s’invite dans les gestes de tous les jours : plus de la moitié des habitants déclarent en consommer à l’extérieur. Cette pratique est rendue possible grâce à l’un des réseaux de fontaines les plus denses d’Europe, avec 1 300 points d’eau répartis sur tout le territoire parisien – soit environ 11 fontaines au kilomètre carré. Et l’engagement ne s’arrête pas là : 1 200 commerces ont rejoint l’initiative « Ici, je choisis l’eau de Paris », permettant à chacun de remplir gratuitement sa gourde et d’éviter les bouteilles jetables. Résultat : près de 90 % des usagers se disent satisfaits du service de l’eau.
Ce niveau de confiance est le résultat d’un modèle de gestion publique de l’eau unique en France, incarné par Eau de Paris, qui agit selon trois grands principes : protéger la ressource à la source, traiter au juste niveau, et rendre des comptes avec transparence.
Agir en amont, c’est l’un des piliers de la stratégie parisienne. Sur les aires d’alimentation de captage, Eau de Paris travaille avec le monde agricole pour réduire l’usage de pesticides et encourager les pratiques durables. En 2023, ces efforts ont permis d’éviter l’utilisation de 55 tonnes de produits phytosanitaires. Aujourd’hui, 115 agriculteurs et agricultrices sont engagés dans un partenariat avec Eau de Paris, couvrant plus de 17 300 hectares – soit une superficie supérieure à celle de Paris – dont 58 % sont cultivés en bio. Depuis 2015, les surfaces converties à l’agriculture biologique ont été multipliées par quatre, grâce à un soutien financier partagé avec l’agence de l’eau Seine-Normandie, pour un montant total de 47 millions d’euros.
En parallèle, l’entreprise publique a adopté une approche du « juste traitement » : ni sous-traitement qui mettrait la santé en danger ni sur-traitement inutile et coûteux. Une philosophie qui permet de concilier performance sanitaire, sobriété environnementale et maîtrise des coûts pour l’usager. En 2024, pour faire face à la montée des micropolluants, Eau de Paris a renforcé ses systèmes de traitement, avec un investissement de 2 millions d’euros supplémentaires. Le résultat : une eau 100 % conforme aux normes sanitaires, comme elle l’est depuis 25 ans.
Cette exigence s’appuie sur un dispositif de surveillance d’une rigueur exceptionnelle. En plus des contrôles des autorités, Eau de Paris réalise chaque année 40 000 prélèvements, analysés en laboratoire selon 400 000 paramètres. Dix points de contrôle jalonnent le parcours de l’eau, depuis la source jusqu’au robinet. Autant de preuves concrètes de l’engagement continu de la régie municipale pour garantir une qualité irréprochable.
Mais pour Eau de Paris, cet engagement ne doit pas se traduire par un transfert injuste des coûts sur les usagers. Car les pollutions, notamment aux micropolluants et aux PFAS, coûtent cher à traiter. Et ces dépenses, qui pourraient bientôt se chiffrer en milliards d’euros à l’échelle nationale, sont aujourd’hui largement supportées par les consommateurs. Un état de fait que la Ville de Paris conteste fermement.
« Ce sont les pollueurs qui doivent payer », martèle Dan Lert, président d’Eau de Paris et adjoint à la Maire chargé de la transition écologique. « Pas les usagers, pas les collectivités, pas les opérateurs publics. » Dans cette logique, Eau de Paris a déposé plainte contre X le 28 mars dernier pour dénoncer la pollution généralisée aux PFAS et exiger que les industriels responsables soient mis face à leurs responsabilités. Une action judiciaire qui incarne une vision de la gestion de l’eau ancrée dans l’intérêt général.
Pour accompagner cette démarche, Eau de Paris et la Ville de Paris ont lancé ce 2 juillet une nouvelle campagne d’affichage : « Vous la buvez, nous la protégeons ». Un slogan simple, mais porteur d’un message fort : l’eau n’est pas une marchandise, mais un bien commun. Ce manifeste visuel entend rappeler que derrière chaque verre d’eau du robinet se trouvent un engagement quotidien, une transparence assumée et une responsabilité collective.
À Paris, boire l’eau du robinet n’est donc plus seulement une habitude, c’est aussi un geste de confiance — envers un modèle public solide, une expertise reconnue, et une ambition écologique affirmée. Une confiance qui, en 2025, atteint son plus haut niveau.
Société : Paris plébiscite l’eau du robinet

Par Gilbert Caron
Publié le 8 juillet 2025 à 09h42 – Temps de lecture : 5 minutes