Stratégie nationale hydrogène : nouvelle impulsion pour accélérer la décarbonation

Lors du Comité interministériel de l’Innovation réuni le 10 avril dernier au Centre Pompidou, le Premier ministre a présenté la version actualisée de la Stratégie nationale hydrogène. […]

Lors du Comité interministériel de l’Innovation réuni le 10 avril dernier au Centre Pompidou, le Premier ministre a présenté la version actualisée de la Stratégie nationale hydrogène. Aux côtés d’Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, de Marc Ferracci, ministre chargé de l’Industrie et de l’Énergie, et de Philippe Tabarot, ministre chargé des Transports, Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’investissement en charge de France 2030, a détaillé cette nouvelle feuille de route stratégique.

Initialement lancée en 2020, la Stratégie nationale hydrogène visait à faire émerger une filière française de l’hydrogène bas-carbone afin de renforcer la souveraineté énergétique et industrielle du pays. Depuis cinq ans, l’État a soutenu plus de 150 projets dans le cadre de France 2030, favorisant la création de 8 000 emplois directs à l’horizon 2030. Des projets structurants ont vu le jour sur tout le territoire, notamment à Fos-sur-Mer, dans la Vallée de la chimie ou autour de l’estuaire de la Seine, accompagnant l’essor d’infrastructures comme les gigafactories d’électrolyseurs, de piles à combustible ou de réservoirs.

Si les résultats sont prometteurs, la montée en puissance de la filière reste progressive. L’industrialisation des solutions hydrogène et leur adoption à grande échelle nécessitent encore des avancées technologiques, tout en s’insérant dans un contexte de concurrence internationale accrue et de diversification des technologies de décarbonation. Face à ce constat, le Gouvernement adapte sa stratégie pour soutenir la consolidation de cette filière stratégique.

La SNH II propose désormais un nouveau rythme de déploiement de l’électrolyse avec un objectif de 4,5 GW d’ici 2030, porté à 8 GW en 2035. Elle poursuit également l’objectif de maîtrise de l’ensemble des technologies de la chaîne de valeur en favorisant l’intégration industrielle autour des acteurs français. Le développement de hubs hydrogène sur le territoire national est renforcé, avec une priorité donnée aux infrastructures de transport connectant producteurs et consommateurs à l’échelle locale, notamment dans les zones de Fos-sur-Mer, du Havre ou de la Vallée de la chimie.

Afin de garantir le développement pérenne de la filière, l’État s’engage à assurer des conditions-cadres favorables, qu’il s’agisse de l’accès au foncier, des compétences, des délais administratifs ou de la sécurisation des raccordements électriques, dans le cadre des outils issus de la loi Aper.

Sur le plan opérationnel, plusieurs mesures concrètes viennent soutenir cette ambition renouvelée. Un mécanisme de soutien à la production d’hydrogène bas-carbone de 4 milliards d’euros permettra de sécuriser, sur quinze ans, la compétitivité de l’hydrogène bas-carbone face à l’hydrogène fossile. L’appel à projets « Briques technologiques de l’Hydrogène » est relancé par l’Ademe pour poursuivre les avancées sur les composants critiques. Un autre appel à projets vise spécifiquement le déploiement de véhicules utilitaires légers à hydrogène dès 2025, afin d’accélérer les progrès technologiques en matière de piles à combustible et de réservoirs.

Le Gouvernement entend également soutenir les carburants de synthèse à destination de l’aviation et du maritime. Les résultats de l’appel à projets Carb Aero ont été annoncés pour permettre l’émergence des premières productions industrielles sur le territoire, grâce au financement d’études d’ingénierie.

Parmi les projets soutenus dans le cadre du PIIEC Hydrogène, deux initiatives phares sont à signaler : le projet « Green Horizon », porté par Lhyfe et Yara dans le domaine de l’ammoniac, et « Masshylia », conduit par Total et Engie pour la production d’hydrogène dans le raffinage. La chaîne de valeur bénéficie également d’un nouveau projet porté par Gen-Hy, qui vise à industrialiser à Allenjoie une technologie de rupture pour les électrolyseurs. Côté formation, le projet « École H2 » en Bourgogne-Franche-Comté vise à structurer et développer les 90 formations déjà existantes sur l’hydrogène, avec un appui financier de France 2030 à hauteur de 6 millions d’euros.