L’été 2025 confirme le rôle moteur du tourisme dans l’économie française. Avec plus de 37 milliards d’euros de recettes internationales au premier semestre et près de 290 millions de nuitées enregistrées cet été, le secteur démontre sa vitalité et son attractivité mondiale. Malgré une météo parfois capricieuse et un contexte économique contraint, les Français et les visiteurs étrangers ont continué de privilégier la France, tout en adaptant leurs pratiques et leurs budgets.
La première moitié de l’année a été particulièrement favorable pour le tourisme international. Les recettes ont progressé de 13,7 % par rapport à 2024, atteignant 37,3 milliards d’euros, confirmant une dynamique soutenue depuis plusieurs années et s’inscrivant dans l’objectif fixé par le gouvernement d’atteindre 100 milliards d’euros d’ici 2030. La balance commerciale du secteur affiche une contribution positive de 11,8 milliards d’euros, soulignant l’importance stratégique du tourisme pour l’économie nationale. Ce dynamisme repose à la fois sur des clientèles européennes fidèles, avec des hausses marquées pour l’Allemagne (+25,1 %) et les Pays-Bas (+17,6 %), et sur des marchés lointains, comme les États-Unis (+12,5 %) ou le Japon (+10,2 %). Les États-Unis se positionnent désormais comme le deuxième marché émetteur de recettes derrière la Belgique, devant le Royaume-Uni et l’Allemagne.
Sur le terrain, cette tendance se traduit par une augmentation de 7 % des nuitées internationales dans l’hôtellerie et de 11 % dans le locatif. La fréquentation internationale a progressé de 2,5 % cet été, portée par le mois d’août, avec des arrivées aériennes en hausse et des clientèles venues d’Europe, mais aussi d’Australie (+30 %), de Corée du Sud (+12,3 %), du Canada (+9,35 %), de Chine (+2,85 %) et des États-Unis (+2 %). Ces chiffres témoignent de l’attractivité persistante de la France, renforcée par l’effet des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, qui ont mis en lumière la capacité du pays à accueillir en toute sécurité de grands événements internationaux.
Du côté des Français, la fidélité à la destination reste intacte : plus de 85 % des séjours estivaux se sont déroulés dans l’Hexagone ou en outre-mer. Mais la conjoncture a modifié les pratiques : un quart des vacanciers ont réduit la durée de leur séjour et un tiers ont changé de destination pour des raisons économiques, tendance particulièrement marquée chez les moins de 35 ans. Les dépenses sur place ont également été réajustées, notamment dans la restauration et les achats, tandis que les activités de loisirs ont été mieux préservées. La dépense moyenne quotidienne s’établit à 85 euros, mais la médiane à 58 euros révèle un recentrage budgétaire. L’hôtellerie de plein air a connu un léger regain, en hausse de 2 %, alors que le climat est devenu un facteur déterminant pour les choix touristiques. Les vagues de chaleur, pluies intenses et incendies ont favorisé les réservations de dernière minute et la redistribution des flux vers des zones moins exposées, comme la montagne, la Bretagne ou la Normandie.
Les perspectives pour l’automne sont encourageantes : près d’un tiers des destinations anticipe une stabilité de la fréquentation, et 22 % une progression. Les villes devraient connaître un regain d’activité grâce au tourisme d’affaires, et les arrivées aériennes sont prévues en hausse de 7,7 % pour septembre-novembre. Les réservations locatives suivent également cette tendance, avec +4 % pour septembre et +12 % pour octobre. En parallèle, 44 % des Français envisagent un séjour d’ici début novembre, dont 70 % en France, même si seuls 20 % ont déjà réservé, signe d’une planification de dernière minute, souvent liée aux conditions météo ou aux opportunités tarifaires.
Nathalie Delattre, ministre déléguée chargée du Tourisme, souligne que le secteur reste un pilier de l’économie française, avec 2 millions d’emplois et plus de 200 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Elle insiste sur la nécessité d’accompagner l’évolution des pratiques touristiques, de développer un tourisme plus accessible, durable et inclusif, et de renforcer l’attractivité internationale de la France, notamment sur les marchés nord-américains et asiatiques. Christian Mantei, président d’Atout France, rappelle la solidité du tourisme français face aux arbitrages budgétaires des vacanciers et aux aléas climatiques, et met en avant la capacité du secteur à s’adapter tout en maintenant la qualité de l’expérience. Adam Oubuih, directeur général d’Atout France, souligne l’importance de transformer ces tendances en leviers de compétitivité, en développant une offre durable et inclusive. Stéphane Villain, président d’ADN Tourisme, confirme que, malgré les contraintes, l’été reste un moment privilégié pour les Français, avec des pratiques comme l’itinérance, le vélo et la randonnée en forte progression.