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Un nouvel Observatoire pour guider les projets agrivoltaïques

Par Marie Aschehoug-Clauteaux
Publié le 24 novembre 2025 à 21h44 – Temps de lecture : 4 minutes

Portée par le cadre réglementaire rénové en 2023 avec la loi relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables (loi Aper), la filière agrivoltaïque connaît aujourd’hui un essor soutenu partout en France. Afin d’accompagner ce développement et d’apporter une meilleure lisibilité aux acteurs du secteur, le Gouvernement, en lien étroit avec l’ADEME, met à disposition de nouvelles données issues de plusieurs régions et annonce la création de l’Observatoire de l’Agrivoltaïsme, un dispositif national destiné à structurer le suivi et l’analyse de ces installations mêlant production agricole et énergie solaire.

Cet outil inédit doit permettre de soutenir un déploiement maîtrisé de l’agrivoltaïsme tout en préservant la fonction essentielle des terres agricoles : garantir la production alimentaire et la souveraineté nourricière du pays. L’Observatoire rassemblera pour la première fois une base d’informations complète sur les installations existantes ou autorisées, incluant leurs caractéristiques principales, leur implantation et leur usage agricole associé. Une cartographie des projets photovoltaïques installés sur des terrains agricoles y sera également accessible, offrant une vision territoriale précise et régulièrement mise à jour de la filière.

Conçu comme un centre de ressources national, l’Observatoire proposera aussi une documentation de référence à destination des porteurs de projets, des collectivités, des services de l’État, de la recherche ou du grand public, afin d’éclairer les choix et de favoriser l’émergence de projets vertueux. Cette première version recense déjà plus de 200 installations existantes ou en cours de construction en métropole et dans les départements d’outre-mer, en majorité autorisées avant l’entrée en vigueur de la loi Aper. Le dispositif sera progressivement enrichi, à mesure que de nouveaux projets conformes aux critères fixés en 2023 entreront en service, et intégrera les premiers retours sur les performances énergétiques et agricoles des sites agrivoltaïques.

L’Ademe, chargée par la loi Aper d’assurer le suivi statistique national, pilote la mise en œuvre de cet Observatoire et mène parallèlement une étude approfondie sur le développement de la filière. Les premiers résultats couvrant cinq régions – Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Bourgogne-Franche-Comté et La Réunion – témoignent d’une dynamique particulièrement forte, avec plus de 1 600 projets recensés, tous stades de maturité confondus. Ces données, qui incluent également les projets encore non autorisés, confirment l’ampleur des intentions d’investissement mais soulignent aussi la nécessité d’un accompagnement structuré pour garantir l’émergence de projets compatibles avec les enjeux agricoles locaux. Une seconde phase de cette étude doit être livrée début 2026, afin de dresser un panorama complet à l’échelle nationale et de mettre à disposition des outils opérationnels destinés à guider les acteurs dans la conception de projets exemplaires.

Parallèlement à ces travaux d’analyse, les ministères en charge de l’énergie, de l’agriculture et de l’urbanisme ont engagé une première campagne de contrôle visant les installations développées avant la loi Aper. Cette démarche vise à vérifier la bonne transmission des rapports agronomiques exigés dans le cadre des appels d’offres, documents essentiels pour s’assurer du respect des engagements pris et de la compatibilité des installations avec les besoins agricoles. En renforçant ce suivi, l’État affirme sa volonté de garantir un encadrement rigoureux de la filière, afin de concilier innovation énergétique, protection des sols et maintien de l’activité agricole.