Pour marquer les trois ans du « Grenelle » des violences conjugales – qui touchent en très grande majorité les femmes – Élisabeth Borne a annoncé ce 2 septembre le lancement avant octobre d’une mission parlementaire qui aura six mois pour présenter ses propositions. Il s’agit de faire un bilan et mettre en place « une action judiciaire plus lisible, plus réactive et plus performante », a précisé la première ministre, à l’occasion d’un déplacement à Ris-Orangis auprès de l’association d’aide aux femmes victimes de violences Femmes solidaires 91. Elle a pu entendre des témoignages particulièrement émouvants sur la vie de ces femmes, effrayées à l’idée de porter plainte, terrorisées par leur conjoint, mais aussi heureuses d’avoir pu trouver le soutien du tissu associatif. En 2021, 122 femmes ont été tuées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint, contre 102 en 2020, soit une hausse de 20 %. Plus de six victimes sur dix avaient déjà signalé les violences qu’elles subissaient.
Accompagnée des ministres Éric Dupond-Moretti, Isabelle Lonvis-Rome, Olivier Klein et Sonia Backès (Justice, Égalité femmes/hommes, Ville et Citoyenneté), Élisabeth Borne a rappelé qu’entre autres exigences, il fallait réfléchir à une justice qui « concilie spécialisation des enquêteurs et des magistrats avec la proximité nécessaire pour les victimes ». Trois années après lancement du « Grenelle », quelque 46 des 54 mesures décidées sont en vigueur, mais il importe poursuivre ces efforts, a insisté la première ministre. 157 000 policiers et gendarmes formés, 797 bracelets anti-rapprochement actifs, plus de 3 200 téléphones grave danger, ordonnances de protection multipliées par deux en cinq ans (5 921 en 2021)… « Ce sont des avancées, mais tant qu’il y aura des violences, tant qu’il y aura des femmes qui meurent sous les coups de leurs compagnons, le combat ne s’arrêtera pas. »
La première ministre a annoncé de nouvelles places d’hébergement d’urgence pour toutes celles qui fuient leur conjoint violent : aux 9 000 places actuelles seront ajoutées 1 000 places d’ici la fin de l’année et 1 000 encore l’an prochain pour atteindre le chiffre de 11 000. Autre augmentation prévue, celles du nombre d’« intervenants sociaux » chargés d’accueillir les femmes dans les commissariats et gendarmeries, 600 d’ici 2025 contre 417 à l’heure actuelle. Isabelle Lonvis-Rome a par ailleurs évoqué ce 2 septembre, dans une interview à Ouest-France, la possible mise en place d’un dispositif interministériel permettant à une femme de quitter définitivement son conjoint violent : « Le pack Nouveau départ comprendrait une série de mesures qui se déclencheraient dès lors [qu’elle] bénéficie d’une ordonnance de protection ». Elle serait ainsi accompagnée vers un retour à une vie normale : accès aux dispositifs sociaux, formation, emploi, prise en charge psychologique, logement…