Vers une génération sans tabac

Par Marie Aschehoug-Clauteaux
Publié le 30 mai 2025 à 13h57 – Temps de lecture : 4 minutes

À la veille de la Journée mondiale sans tabac, Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, et Yannick Neuder, ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins, réaffirment leur engagement pour faire progresser l’objectif ambitieux d’une génération sans tabac. Face au fléau sanitaire, économique et environnemental que représente le tabac, le gouvernement annonce la mise en place, dès le 1er juillet 2025, d’une interdiction renforcée de fumer dans plusieurs espaces extérieurs fréquentés notamment par les enfants et les adolescents, ainsi que de nouvelles mesures destinées à prévenir l’initiation au tabac et protéger les plus jeunes.

Le tabac continue de faire des ravages en France, causant chaque année 75 000 décès, soit plus de 200 morts quotidiennes. Au-delà du drame humain, le tabac génère un coût social estimé à 150 milliards d’euros annuels. Parmi les populations les plus vulnérables, les jeunes de 17 ans sont particulièrement exposés, avec 15,6 % déclarant fumer quotidiennement en 2023. À cet âge, le cerveau est encore en développement, ce qui multiplie les risques d’addiction et renforce les impacts sanitaires à long terme. « À 17 ans, on construit son avenir, pas sa dépendance », soulignent les ministres.

L’Organisation mondiale de la santé rappelle que la fumée de tabac, même en extérieur, n’est pas anodine, et serait responsable de 1,2 million de décès prématurés dans le monde chaque année. Par ailleurs, la pollution générée par les mégots constitue une menace écologique importante, avec entre 20 000 et 25 000 tonnes de mégots abandonnés chaque année en France.

À partir du 1er juillet 2025, il sera interdit de fumer dans de nombreux espaces extérieurs fréquentés par les enfants et adolescents pendant les heures d’ouverture ou les périodes d’accueil : parcs et jardins publics, plages bordant des zones de baignade, abris bus, abords des établissements scolaires et autres lieux dédiés à la formation ou à l’accueil des mineurs, ainsi que les alentours des bibliothèques, piscines, stades et équipements sportifs.

Cette mesure vise à dénormaliser la consommation de tabac en public, notamment dans les lieux de sociabilité quotidienne des jeunes, afin de réduire leur exposition à la fumée et limiter l’attractivité du tabac. « Nos plages, nos écoles sont des lieux d’exemplarité où fumer ne peut plus être un geste banal », rappellent les ministres.

Parallèlement à la généralisation des espaces sans tabac, le gouvernement prévoit d’autres actions fortes : la réduction du taux de nicotine autorisé dans les produits du tabac et du vapotage, afin d’affaiblir le potentiel addictif, ainsi qu’une limitation stricte des arômes dans les produits de vapotage, souvent attractifs pour les jeunes, qui seront encadrés dès 2026.

Aujourd’hui, 90 % des fumeurs commencent avant 18 ans. C’est pourquoi ces mesures s’inscrivent dans une stratégie globale visant à faire des enfants qui naissent aujourd’hui les premiers membres d’une génération sans tabac. Une ambition forte portée par les ministres :

« Le tabac est un poison : il tue, il coûte, il pollue. Et surtout, il prend nos jeunes pour cible. Les chiffres s’améliorent, mais ils restent trop élevés. Nous sommes sur la bonne voie, notamment dans notre lutte contre le tabagisme des jeunes, mais il reste une ultime bataille à livrer. Je refuse la résignation. Je choisis l’action, car chaque jour sans tabac est une vie gagnée. Protéger la jeunesse, prévenir les addictions, débanaliser la consommation : c’est un engagement, une responsabilité, une priorité absolue », insiste Catherine Vautrin. Yannick Neuder ajoute : « La lutte contre le tabac est d’abord un combat de santé publique. Chaque cigarette allumée aujourd’hui prépare les pathologies de demain. Le tabac est la première cause de mortalité évitable en France : nous ne pouvons plus nous permettre l’inaction. En généralisant les espaces sans tabac et en nous attaquant à la banalisation de la consommation dès le plus jeune âge, nous envoyons un message clair : respirer un air sans fumée est un droit, pas un privilège. »