Le gouvernement entend renforcer sa riposte face aux dérives du numérique, en plaçant la protection des mineurs et la lutte contre la manipulation de l’information au cœur de son action. Réunies à Bercy, Rachida Dati, ministre de la Culture, et Anne Le Hénanff, ministre déléguée chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique, ont présidé la deuxième réunion plénière du Réseau national de coordination de la régulation des services numériques, qui rassemble administrations et autorités indépendantes compétentes en la matière.
Au centre des échanges, la sécurité des enfants et des adolescents dans l’espace numérique, considérée comme une priorité politique majeure. Les ministres ont dressé un état des lieux des avancées récentes et fixé les orientations des prochains mois. Parmi les chantiers structurants figure l’instauration d’une majorité numérique autour de 15 ans dans le droit français, en cohérence avec les engagements du président de la République, les conclusions du rapport sur l’exposition des jeunes aux écrans publié en 2024 et les lignes directrices européennes du Digital Services Act relatives à la protection des mineurs. Cette évolution doit permettre de mieux encadrer l’accès des plus jeunes aux plateformes en ligne.
Le gouvernement souhaite également renforcer l’arsenal opérationnel de protection des mineurs. Cela passe par une meilleure articulation entre les outils existants, comme le contrôle parental, et le déploiement de dispositifs de vérification d’âge jugés à la fois efficaces et respectueux des données personnelles. Les administrations ont été appelées à travailler sur les risques de contournement de ces mesures, notamment par l’usage de VPN ou via certains services conversationnels fondés sur l’intelligence artificielle, afin de concilier liberté d’usage et protection des publics les plus vulnérables. L’essor rapide de l’IA constitue d’ailleurs un nouveau défi, identifié comme un facteur de risques émergents pour les mineurs.
La réunion a aussi marqué une inflexion dans les priorités du réseau, avec la lutte contre la manipulation de l’information érigée en axe de travail central. La stratégie française en la matière a été présentée aux participants, dans un contexte de préoccupations croissantes autour de la désinformation en ligne et de l’intégrité des processus démocratiques. Les ministres ont demandé que les prochains travaux se concentrent à la fois sur la propagation massive de fausses informations, l’usage de bots et les campagnes de manipulation, mais aussi sur les modèles économiques des plateformes numériques, largement fondés sur la publicité et la captation de l’attention.
Pour Rachida Dati, cette coordination renforcée entre ministères et autorités de régulation est indispensable pour adapter le cadre existant aux nouveaux usages. Elle souligne la nécessité, au niveau européen, de mieux encadrer les réseaux sociaux et de valoriser des médias de confiance, tout en développant, au niveau national, des dispositifs efficaces pour protéger les mineurs des risques liés aux plateformes. Anne Le Hénanff a, de son côté, insisté sur la responsabilité collective face à l’intrusion croissante des plateformes dans la vie des enfants et dans le débat public. Défendant une régulation ferme et coordonnée à l’échelle européenne, elle a affirmé la volonté de la France de bâtir un numérique conforme à ses valeurs démocratiques, estimant que la protection des enfants aujourd’hui conditionne la qualité de la citoyenneté de demain.

