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Vincennes : Protéger les enfants

Par Marie Aschehoug-Clauteaux
Publié le 11 juin 2025 à 15h30 – Temps de lecture : 5 minutes

Face à l’augmentation des situations de détresse psychologique chez les jeunes et à la nécessité impérieuse de mieux prévenir les violences faites aux enfants, la Ville de Vincennes a mis en place deux dispositifs complémentaires, pensés pour renforcer l’écoute, la prévention et la capacité d’agir des institutions locales. Ces initiatives, ancrées dans la vie scolaire et dans les lieux de passage des jeunes, traduisent une volonté forte d’accompagner les enfants et les adolescents, de les rendre acteurs de leur propre protection, tout en favorisant une culture de la vigilance et de la solidarité.
Dans les sept écoles élémentaires de la commune, un dispositif discret et protecteur a été récemment déployé pour permettre aux enfants victimes ou témoins de maltraitance de s’exprimer en toute sécurité. Il repose sur l’installation de boîtes aux lettres spécifiquement conçues et mises à disposition dans les établissements scolaires. Ces boîtes offrent aux élèves un canal d’expression confidentiel, loin du regard des adultes ou de leurs camarades, pour alerter sur une situation préoccupante ou partager un mal-être. Ce mode de signalement, pensé pour être simple et non intrusif, répond à un besoin essentiel : permettre à des enfants qui ne trouvent pas les mots à voix haute ou n’osent pas parler à un adulte de confiance de faire le premier pas vers une prise en charge.
Les courriers déposés sont collectés par une association spécialisée dans la protection de l’enfance, partenaire de la Ville. Celle-ci assure l’analyse des signalements et, lorsque cela s’avère nécessaire, saisit les services compétents comme la Cellule de Recueil des Informations préoccupantes (Crip), en lien avec les autorités de protection de l’enfance. Ce processus garantit une réponse rapide, professionnelle et respectueuse du secret, tout en préservant l’enfant des démarches administratives ou judiciaires souvent perçues comme intimidantes. Pour accompagner ce dispositif sur le terrain, des référents ont été identifiés dans chaque école. Formés par l’association partenaire, ces adultes assurent le lien entre les établissements et les intervenants extérieurs, tout en sensibilisant les enfants à l’usage des boîtes, à leur sens et à leur utilité. Leur mission est d’expliquer, d’écouter et de veiller à ce que chaque élève puisse se sentir légitime à utiliser cet outil, sans crainte ni jugement.
Ce dispositif, à la fois préventif et réactif, s’inscrit dans une approche globale de protection de l’enfance. Il illustre l’engagement de la Ville à agir dès les premières alertes, à favoriser l’expression des plus jeunes et à instaurer une culture de confiance et d’écoute au sein des établissements scolaires.
En parallèle, une autre initiative originale a vu le jour pour répondre aux enjeux de santé mentale des adolescents : la mise en circulation d’une carte d’information, sobrement intitulée « Carte de la santé mentale ». D’un format similaire à celui d’une carte d’identité, elle a été pensée pour être facilement glissée dans une poche ou dans un sac, et diffusée dans des lieux fréquentés par les jeunes : collèges, lycées, lieux d’accueil jeunesse, centres sociaux, bibliothèques, et résidences étudiantes.
Cette carte contient un QR code unique, qui renvoie vers une page internet dédiée, spécialement conçue pour orienter les jeunes en difficulté vers les ressources les plus adaptées. Deux portes d’entrée sont proposées : « Je vais mal » et « Un proche va mal ». En fonction de leur situation, les jeunes sont guidés vers des interlocuteurs ou des dispositifs de soutien : permanences d’écoute, infirmiers scolaires, associations spécialisées, plateformes de discussion en ligne, centres de soins psychologiques, etc.
L’idée est simple mais puissante : créer un outil de premier recours, facile d’accès, confidentiel, et utilisable de manière autonome par tout adolescent confronté à un mal-être ou à la souffrance d’un proche. La carte est aussi un levier de déstigmatisation, qui rappelle que demander de l’aide n’est pas un signe de faiblesse, mais un premier pas vers le mieux-être. Elle répond à un besoin identifié sur le terrain, où de nombreux professionnels de l’éducation, de la santé ou du secteur associatif constatent une fragilisation croissante de la santé mentale des jeunes, accentuée par les effets de la crise sanitaire, la pression scolaire, les tensions familiales ou encore les phénomènes d’isolement social.
En complément de cette carte, la Ville a renforcé les moyens de prise en charge directe en doublant la fréquence des permanences d’écoute jeunesse, désormais proposées de manière hebdomadaire. Ces temps de parole, anonymes et gratuits, permettent aux jeunes de rencontrer un professionnel formé, dans un cadre bienveillant, pour évoquer librement leurs difficultés, poser des questions ou simplement être écoutés sans jugement.
En combinant des actions concrètes sur le terrain, des outils adaptés aux usages des jeunes et une logique de proximité, la Ville de Vincennes déploie une politique volontariste, centrée sur la prévention, la protection et l’accompagnement. À travers ces deux dispositifs – les boîtes aux lettres pour signaler la maltraitance et la carte de santé mentale – elle affirme une ambition claire : bâtir un environnement plus attentif, plus protecteur et plus inclusif, où chaque enfant et chaque adolescent peuvent trouver un espace d’écoute, de soutien et d’émancipation.