Yerres : repenser la gestion de l’eau

Et si la gestion de l’eau devenait l’affaire de tous ? C’est l’esprit de la grande consultation publique ouverte du 1er au 30 juin 2025 dans le […]

Et si la gestion de l’eau devenait l’affaire de tous ? C’est l’esprit de la grande consultation publique ouverte du 1er au 30 juin 2025 dans le cadre de la révision du Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (Sage) du bassin versant de l’Yerres. Une procédure participative, entièrement dématérialisée, qui propose aux citoyens de donner leur avis sur un document clé pour l’avenir de leur territoire. L’objectif : construire, ensemble, une stratégie durable face aux pressions croissantes qui s’exercent sur la ressource en eau.
Cela fait désormais plus d’une décennie que le premier Sage de l’Yerres a été adopté. Depuis 2011, les défis se sont multipliés : épisodes de sécheresse plus fréquents, crues plus intenses, qualité de l’eau parfois dégradée, artificialisation des sols, disparition de zones humides… Autant de signaux d’alerte qui ont conduit la Commission locale de l’Eau (Cle) – l’organe chargé d’élaborer et de suivre le Sage – à engager une révision en profondeur du document dès 2018. Ce travail de longue haleine a abouti, en mars 2024, à un projet révisé, aujourd’hui soumis à l’appréciation du public.
Mais qu’est-ce qu’un SAGE, au juste ? Derrière cet acronyme se cache un outil stratégique qui dessine une véritable feuille de route pour une gestion équilibrée de l’eau à l’échelle d’un territoire. Il fixe des objectifs, définit des règles et propose des actions à mettre en œuvre pour concilier les différents usages – eau potable, agriculture, industrie, loisirs, biodiversité – tout en garantissant la préservation des milieux aquatiques.
Le Sage du bassin de l’Yerres s’articule autour de trois documents complémentaires : un règlement comportant des prescriptions obligatoires pour encadrer les aménagements en zones sensibles ; un Plan d’Aménagement et de Gestion durable (PAGD) qui oriente les politiques publiques locales en matière d’eau et de biodiversité ; et un atlas cartographique qui illustre les enjeux sur le terrain. Ce cadre, une fois approuvé, s’imposera à de nombreux documents d’urbanisme et projets d’aménagement.
La révision actuelle tient compte des dernières données scientifiques, des exigences du Schéma directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (Sdage) 2022-2027 du bassin Seine-Normandie, mais aussi des impacts croissants du changement climatique, désormais au cœur des préoccupations environnementales et territoriales. Face à ces mutations, il est essentiel que le Sage évolue pour offrir des réponses adaptées et durables.
C’est dans ce contexte qu’intervient la participation du public par voie électronique (PPVE), procédure prévue par le Code de l’environnement, qui garantit à chaque citoyen la possibilité de s’exprimer de manière éclairée. Sur une plateforme dédiée, chacun peut consulter les documents, formuler des remarques, proposer des pistes d’amélioration. L’exercice, bien que numérique, n’a rien d’un simple clic symbolique : les contributions recueillies seront synthétisées, analysées, et prises en compte dans la version finale du SAGE.
Derrière cette démarche se joue une question de fond : quelle place pour les citoyens dans la fabrique des politiques environnementales locales ? L’eau, ressource vitale mais parfois invisible, traverse tous les enjeux : aménagement du territoire, agriculture, santé, climat, biodiversité. Lui accorder une gestion collective et concertée, c’est reconnaître que chacun, à son échelle, peut contribuer à préserver ce bien commun.
La consultation du Sage de l’Yerres est aussi un révélateur d’une prise de conscience plus large : celle que les décisions durables se construisent sur le terrain, au plus près des réalités locales. Par cette PPVE, c’est une invitation à s’informer, à comprendre les enjeux de l’eau dans son bassin de vie, et à participer activement à l’élaboration d’un futur plus résilient.
La parole est donc donnée aux habitants, aux élus, aux acteurs économiques et associatifs, aux jeunes comme aux anciens. Ce sont leurs regards croisés, leurs attentes, leurs alertes ou leurs idées qui viendront enrichir le projet final. Car derrière chaque remarque, il y a une vision du territoire, un attachement à un paysage, une vigilance sur un usage, une espérance pour demain.