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Saint-Maurice : départementale au solaire

Par Gilbert Caron
Publié le 13 juin 2025 à 11h31 – Temps de lecture : 5 minutes

Le Val-de-Marne franchit un cap dans sa politique de transition énergétique. Pour la première fois sur une route départementale, un système d’éclairage public alimenté par l’énergie solaire a été mis en service. L’expérimentation, qui concerne le quai de la République (RD103) à Saint-Maurice, se matérialise par l’installation de 22 candélabres photovoltaïques autonomes. Un investissement de 185 000 euros, entièrement financé par le Département, qui ambitionne de concilier impératifs écologiques, économies budgétaires et amélioration du cadre de vie.
Le fonctionnement de ces luminaires nouvelle génération repose sur un principe simple mais redoutablement efficace : un panneau photovoltaïque capte la lumière du jour, qui est ensuite stockée dans une batterie logée à la base du lampadaire. À la tombée de la nuit, l’énergie ainsi accumulée est restituée pour alimenter l’éclairage public. Ce système ne nécessite aucun raccordement au réseau électrique et fonctionne de manière totalement autonome.
Contrairement à une installation traditionnelle, qui requiert des tranchées, du câblage souterrain et plusieurs mois de travaux, ce dispositif se distingue par sa mise en place rapide. Un mois a suffi pour réaliser l’ensemble du chantier, soit deux à trois fois moins de temps que pour une infrastructure classique. De surcroît, l’absence de lourds travaux de voirie a permis de limiter l’impact sur le trafic et les riverains.
Le gain écologique est indéniable. En supprimant les raccordements au réseau, le Département évite non seulement des travaux invasifs mais aussi les pertes d’énergie liées au transport d’électricité. Chaque lampadaire fonctionne de façon autonome grâce à sa propre batterie, ce qui réduit significativement l’empreinte carbone de l’installation. À cela s’ajoute une maintenance simplifiée, rendue possible par la modularité et la robustesse des équipements.
Le volet économique n’est pas en reste : bien que le coût d’achat des ensembles solaires soit plus élevé à l’unité, l’économie globale est évaluée à 37 % par rapport à un système classique. Cette différence s’explique par l’absence de tranchées, de câbles et de transformateurs, mais aussi par une durabilité accrue et un coût d’entretien réduit.
Cette opération s’inscrit pleinement dans le Schéma directeur de la Transition énergétique (SDTE) 2022-2027 du Département du Val-de-Marne. À travers ce projet pilote, les élus entendent évaluer les performances de cette technologie en conditions réelles et mesurer son potentiel de généralisation. Une période d’observation d’un an est prévue pour analyser les résultats, notamment en matière de fiabilité, de résistance aux intempéries et de confort lumineux pour les usagers.
« Nous voulons démultiplier le photovoltaïque, pour des raisons écologiques et budgétaires. C’est la logique du Département, qui s’inscrit dans notre SDTE. Cette route tient lieu d’expérimentation, mais d’autres initiatives pourraient voir le jour, si les résultats sont bons et si d’autres sites sont identifiés comme disposant des qualités et des conditions nécessaires à ces installations », précise Olivier Capitanio, président du Conseil départemental.
Jusqu’ici, les équipements solaires du Département étaient principalement cantonnés aux parcs et aux espaces verts, là où les obstacles à la lumière sont moins nombreux. En milieu urbain dense, la présence d’immeubles et d’arbres complique en effet le captage solaire. Le choix de la RD103 à Saint-Maurice n’est donc pas anodin : « Le défi était de trouver un site avec un bon ensoleillement. Sur cette portion de route, les conditions sont idéales : une exposition plein sud et peu d’ombres portées par les immeubles ou les arbres d’alignement », explique Manel Bennoui, responsable du projet à la Direction de la voirie et des mobilités.
Le succès de cette implantation repose également sur l’intelligence embarquée des luminaires. Ces derniers sont capables d’ajuster automatiquement l’intensité lumineuse selon les plages horaires et les saisons, garantissant ainsi un éclairage performant tout au long de l’année, y compris pendant les longues nuits d’hiver. Fabriqués en France, ces équipements assurent une qualité d’éclairage équivalente à celle des installations classiques, tout en réduisant considérablement leur impact environnemental.
Avec cette initiative, le Val-de-Marne ne se contente pas d’expérimenter une solution technique innovante. Il affirme sa volonté de jouer un rôle moteur dans la transition énergétique locale. En promouvant des solutions décentralisées, plus durables et moins coûteuses, le Département entend transformer progressivement l’espace public en un territoire plus résilient et plus respectueux de l’environnement.
Si l’évaluation s’avère concluante, d’autres axes routiers départementaux pourraient à leur tour être équipés de cette technologie. Une perspective qui permettrait non seulement de moderniser le réseau d’éclairage public, mais aussi de donner une nouvelle impulsion à la politique écologique du territoire.