Environnement : Paris s’allie à Utrecht et Abidjan

Résolument tournée vers la réduction des emballages plastiques et pleinement consciente de l’urgence écologique à laquelle sont confrontées les grandes métropoles, la Ville de Paris a franchi, le 23 juin, une nouvelle étape dans son engagement environnemental. À l’occasion de la Conférence de célébration des 10 ans de l’Accord de Paris organisée à l’Hôtel de Ville, la capitale française a signé un protocole de coopération avec deux autres collectivités aux ambitions communes : la Ville d’Utrecht, aux Pays-Bas, et le district autonome d’Abidjan, en Côte d’Ivoire. Ensemble, ces trois territoires entendent mutualiser leurs expériences et expertises pour développer la consigne des emballages plastiques et renforcer le tri sélectif auprès de leurs habitants.
Ce partenariat international s’inscrit dans un contexte mondial marqué par la multiplication des alertes scientifiques et la prise de conscience des décideurs face aux conséquences désastreuses de la pollution plastique sur l’environnement et la santé humaine. La récente conférence de l’Onu sur les Océans (Unoc), qui s’est tenue à Nice du 9 au 13 juin 2025, a d’ailleurs remis au premier plan la nécessité de freiner la production de déchets plastiques et d’améliorer les dispositifs de collecte et de recyclage. Une urgence d’autant plus pressante pour la France qui, malgré des initiatives locales encourageantes, accuse encore un retard important en matière de recyclage du plastique.
Depuis une décennie, Paris multiplie pourtant les initiatives pour inverser cette tendance. Sous l’impulsion de sa maire Anne Hidalgo, la capitale a engagé une politique ambitieuse visant à transformer son modèle de gestion des déchets et à réduire drastiquement l’usage du plastique à usage unique. Le Plan parisien de réduction des déchets, articulé autour de l’objectif « zéro déchet plastique », s’est traduit par la mise en œuvre de nombreuses expérimentations. Des dispositifs de consigne pour réemploi ont ainsi été testés sur les marchés alimentaires de la ville, lors d’événements publics et dans la restauration à emporter, en collaboration avec des associations, commerçants, structures de l’économie sociale et solidaire et opérateurs de gestion des déchets.
Dans ce mouvement de transformation, la coopération avec Utrecht et Abidjan ouvre de nouvelles perspectives. La ville néerlandaise s’est imposée comme un modèle en Europe, en instaurant dès 2021 un système obligatoire de consigne pour les petites bouteilles en plastique, tout en développant des campagnes locales de sensibilisation et en participant à plusieurs projets pilotes européens autour de l’économie circulaire urbaine et de la logistique du retour des emballages. De son côté, le district autonome d’Abidjan fait figure de précurseur en Afrique de l’Ouest. Engagé depuis plusieurs années dans la lutte contre la prolifération des déchets plastiques, le territoire ivoirien a mis en place un plan d’actions global, visant à prévenir la production de plastique, structurer la collecte et favoriser la valorisation des déchets.
Avec ce protocole d’accord, les trois collectivités affichent clairement leur volonté d’unir leurs forces pour accélérer la transition vers une économie circulaire et limiter l’impact environnemental des emballages plastiques. Cette collaboration prendra plusieurs formes : échanges de bonnes pratiques, organisation d’expérimentations croisées dans les trois territoires, mobilisation conjointe dans des instances internationales et actions de plaidoyer commun pour promouvoir la consigne et le recyclage à grande échelle.
Ce partenariat illustre aussi la capacité des grandes villes et des métropoles à s’affranchir des frontières pour répondre ensemble aux défis environnementaux mondiaux. Une démarche qui prend tout son sens alors que la crise climatique impose de repenser les modes de production et de consommation, et d’agir sur le terrain des déchets, symbole d’une économie encore largement linéaire.