Alors que la prochaine Conférence nationale du Handicap doit se tenir en avril 2023, le Département de la Seine-Saint-Denis, qui présente le déficit d’offre le plus important […]
Alors que la prochaine Conférence nationale du Handicap doit se tenir en avril 2023, le Département de la Seine-Saint-Denis, qui présente le déficit d’offre le plus important de France métropolitaine, alerte la ministre en charge des personnes handicapées Geneviève Darrieussecq sur la nécessité d’un plan de rattrapage adapté aux enjeux de la Seine-Saint-Denis, qui mêle à la fois solutions en milieu « ordinaire » et places en établissements.
Avec des taux d’équipement très faibles, trois fois inférieurs à la moyenne nationale, la Seine-Saint-Denis est le territoire le moins bien doté de France métropolitaine selon la DRESS (2020) dans toutes les catégories d’établissements et de services. Ce sont au moins 6 700 enfants et 2 500 adultes qui sont actuellement sans solution adaptée. A minima, pour permettre aux habitants de la Seine-Saint-Denis de disposer d’une offre d’accompagnement au même niveau que la moyenne nationale, il serait nécessaire de créer 5 000 places et solutions sur le territoire.
Ce déficit abyssal de l’offre médico-sociale produit, en Seine-Saint-Denis, des conséquences humaines dramatiques. C’est le cas pour les 2 500 enfants en attente d’une place d’IME ; une situation qui conduit dans 4 cas sur 5 à la déscolarisation totale ou partielle de l’enfant, et dans 6 cas sur 10 à ce que l’un des parents – le plus souvent la mère – cesse totalement de travailler. L’absence de solution médico-sociale adaptée place par ailleurs de nombreuses familles dans des situations d’épuisement, pouvant produire dans certains cas des actes de maltraitance, voire conduire au placement de l’enfant : ce sont ainsi près de 900 enfants porteurs et porteuses de handicap (10 % des enfants placés) qui sont aujourd’hui accueillis à l’Aide Sociale à l’Enfance de Seine-Saint-Denis.
Citons également la situation, de plus en plus fréquente, des personnes handicapées qui vieillissent à domicile, accompagnées au quotidien par des parents qui deviennent eux-mêmes dépendants. Ou encore les 300 adultes en situation de handicap, maintenus par défaut dans des établissements pour enfants ou au sein des hôpitaux psychiatriques du territoire, ce qui ne permet pas un accompagnement adapté.
Au moment où le Gouvernement souhaite opérer un « virage inclusif » et alors que va se tenir la prochaine Conférence nationale du Handicap, les élus du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis viennent de voter un vœu à l’unanimité pour la mise en place d’un plan de rattrapage ambitieux pour la Seine-Saint-Denis. Une demande relayée par Stéphane Troussel, président du Département de la Seine-Saint-Denis, dans un courrier adressé à la ministre.
Par ailleurs, compte tenu des caractéristiques de la population de Seine-Saint-Denis – logements souvent exigus, forte proportion de personnes hébergées chez des tiers, fragilité des structures familiales, proportion élevée de familles monoparentales isolées, difficultés d’accès aux soins, barrière de la langue… – le Département appelle en premier lieu à une offre médico-sociale qui propose, certes, des modalités d’accueil diversifiées en milieu ordinaire, mais contribue aussi au développement de places en établissements.
Le Département appelle l’État à concentrer les moyens dédiés au rattrapage de l’offre handicap sur notre territoire, dans des proportions qui prennent réellement en compte le déficit colossal du taux d’équipement par rapport au reste des départements métropolitains. En détail, le Département appelle l’État à un plan d’urgence pluriannuel en Seine-Saint-Denis d’environ de 94 M€ pour créer 2 200 places et solutions d’établissements et services pour les enfants, et de 72 M€ pour créer 2 800 solutions et places pour adultes, et se tient prêt à apporter un cofinancement dans le cadre de ses compétences (besoin estimé à environ 38 M€).
« Au moment où la ministre Geneviève Darrieussecq s’apprête à annoncer un nouveau plan pour le handicap, nous alertons avec Stéphane Blanchet, Vice-président chargé de l’Autonomie, et l’ensemble des élus du Département sur la faiblesse dramatique de l’offre médico-sociale. En Seine-Saint-Denis, département le moins bien doté de France métropolitaine et pourtant le plus jeune, nous ne pouvons nous résoudre à ce que toujours plus d’enfants en situation de handicap ne puissent vivre ou être scolarisés dignement faute d’un manque de solutions d’accompagnement. C’est pourquoi nous demandons à l’État, alors que va se tenir la prochaine Conférence nationale du Handicap, un plan de rattrapage ambitieux et adapté aux besoins de la Seine-Saint-Denis, et nous tenons prêts à y contribuer financièrement. À ce titre, nous rappelons que le virage inclusif souhaité par le Gouvernement, avec l’adaptation des solutions en milieu ordinaire, est nécessaire, mais ne peut être opposé au besoin criant de places en établissements, seules solutions adaptées pour l’accompagnement d’un grand nombre de personnes handicapées en situation d’urgence », explique Stéphane Troussel.