Dans le cadre des efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et en accord avec les engagements européens et internationaux, la France a lancé une initiative pour évaluer l’empreinte carbone des médicaments. Cette action fait partie du plan d’investissement France 2030, qui place la décarbonation de l’économie au cœur de ses priorités. Elle s’inscrit également dans une dynamique plus large avec l’Accord de Paris et le paquet législatif Fit for 55, dont l’objectif est de réduire les émissions des États membres de l’Union européenne de 55 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990.
En France, le secteur de la santé est responsable d’environ 8 % des émissions nationales de gaz à effet de serre, représentant entre 40 et 61 millions de tonnes de CO2 équivalent (MtCO2eq) par an. Parmi ces émissions, 24 MtCO2eq proviennent des industries de santé, avec 60 % de cette quantité attribuée à la production des médicaments. La feuille de route stratégique du Comité de filière Industries et technologies de santé prévoit une réduction de 33 % des émissions du secteur pharmaceutique d’ici 2030.
Dans cette dynamique de transition écologique, plusieurs ministères, dont celui de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, ainsi que la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (Cnam), ont piloté l’élaboration d’une méthodologie publique d’évaluation de l’empreinte carbone des médicaments. Cette méthode, couvrant l’ensemble du cycle de vie des médicaments, a pour but d’aider les acteurs du secteur à réduire leur impact écologique.
La méthodologie a été conçue pour être à la fois simple et robuste, afin de répondre à divers besoins. Elle permet aux décideurs publics de disposer de données précises sur les émissions carbone des médicaments, facilitant ainsi l’élaboration de politiques publiques. Pour les fabricants de médicaments, elle permet d’identifier les secteurs les plus polluants dans leur production et leur chaîne d’approvisionnement, leur offrant ainsi la possibilité de mettre en place des actions de décarbonation. Les acheteurs de médicaments peuvent également intégrer l’impact carbone dans les critères d’évaluation des offres, favorisant des achats plus durables. Enfin, les professionnels de santé peuvent mieux prendre en compte l’empreinte carbone dans leurs prescriptions, soutenant des pratiques plus écoresponsables.
Pour accompagner cette méthodologie, des sessions de formation seront organisées et des échanges mensuels avec les industriels seront mis en place pour suivre les progrès réalisés, les scores carbone initiaux et les difficultés éventuelles.
Un guide méthodologique détaillant cette démarche est désormais disponible en français et en anglais sur le site de la Direction générale des Entreprises (DGE). Ce guide inclut également une matrice Excel permettant de calculer facilement l’empreinte carbone des médicaments selon la nouvelle méthodologie.
Cette initiative constitue un pas essentiel vers un secteur pharmaceutique plus responsable, visant à réduire l’impact environnemental tout en assurant un accès équitable aux traitements nécessaires. En impliquant tous les acteurs, de la production à la prescription, cette méthodologie permettra à la France de jouer un rôle de leader dans la décarbonation du secteur de la santé, contribuant ainsi à un avenir plus vert et plus responsable.